53 % des parents Français ont déjà partagé sur les réseaux sociaux du contenu représentant leurs enfants. Pourtant, cette pratique sociale comporte des risques pour les enfants mais aussi pour les parents.
Le sharenting, c’est quoi exactement ?
Crédit photo : Canva
Le “sharenting” est une pratique qui consiste à diffuser publiquement du contenu à propos de nos enfants via les réseaux sociaux ou d’autres plateformes en ligne.
Ce contenu peut inclure des photos, des vidéos, des anecdotes ou des mises à jour sur la vie de nos enfants.
Le sharenting commence souvent à la naissance de l’enfant voire avant. Le terme combine les mots anglais “sharing” (partager) et “parenting” (parentalité).
Le sharenting n’est pas nouveau.
Quel est l’origine du sharenting ?
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Le terme “sharenting” a été popularisé dans les années 2010 au fur et à mesure de l’augmentation de l’utilisation des réseaux sociaux. De plus en plus de parents ont commencé à partager leur quotidien familial en ligne sur Facebook, Instagram ou encore TikTok.
L’expression a émergé dans les médias et les études sur la parentalité numérique avant d’être reprise par le grand public.
C’est une pratique qui s’est très fortement développée ces dernières années.
A 13 ans, alors qu’il n’a en théorie pas l’âge de détenir un compte sur les réseaux, un enfant apparaît en moyenne sur 1 300 publications virtuelles, selon une étude du Commissaire à l’enfance britannique de 2018.
Bien que le sharenting puisse sembler inoffensif, il comporte des risques.
Quels sont les dangers du sharenting ?
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Tout d’abord, il ne faut pas oublier que quand on publie du contenu à propos de nos enfants, il s’agit en fait d’une atteinte à la vie privée de ses enfants. Les enfants n’ont souvent pas leur mot à dire sur ce qui est publié à leur sujet par leurs parents.
De la même façon, ils n’ont pas conscience des impacts que ce type de publication pourrait avoir à cause de leur âge mais aussi de part la confiance qu’ils donnent naturellement à leurs parents. Au delà de cela, ils n’ont souvent pas connaissance de ce qui est partagé.
Autre point important, quand on fait le choix de publier du contenu sur nos réseaux sociaux, les contenus deviennent en réalité publics. Ils peuvent ainsi facilement être enregistrés et réutilisés le cas échéant par n’importe qui, même en cas de demande d’effacement d’une plateforme.
Ces données peuvent ainsi être utilisées à des fins malveillantes ou inappropriées.
Ainsi, au-delà de la gêne que les enfants pourraient ressentir une fois en âge de se rendre compte de ce qui a été publié à leur sujet, leur image peut être réutilisée sans qu’ils soient véritablement en capacité de contrôler ses usages ou de les stopper.
Enfin, le vol d’identité n’est pas à négliger non plus. Des informations personnelles partagées telles que le nom complet, la date de naissance ou d’autres informations peuvent être exploitées dans le cadre d’une usurpation d’identité.
D’ailleurs, les mineurs ont des droits numériques sur leurs données et peuvent les exercer contre leurs représentants légaux s’ils ne les respectent pas.
Quels sont les droits de vos enfants ?
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Depuis 1989 et la Convention internationale des droits de l'enfant, chaque mineur a le droit de « préserver son identité, son nom et ses relations familiales ». Il doit également être préservé des « immixtions arbitraires ou illégales dans sa vie privée » et les « atteintes illégales à son honneur et à sa réputation ».
Les enfants mineurs ont donc des droits numériques sur leurs données. Ils bénéficient même d’une protection renforcée.
En France, ce sont les représentants légaux qui exercent les droits du mineur. La CNIL estime pourtant que les mineurs doivent pouvoir exercer directement leurs droits relatifs à leurs données personnelles sur les réseaux sociaux.
Les enfants mineurs, tout comme les personnes majeures, peuvent agir contre leurs parents s’ils ne respectent pas leurs droits.
En Autriche, en 2016, une jeune fille de 18 ans a intenté un procès contre ses parents à qui elle reproche de lui avoir fait vivre un enfer. Ses parents ont publié plus de 500 photos d’elle sur Facebook.
En France, l'article 226-1 du code pénal prévoit que toute personne ayant diffusé ou publié des images d’un tiers sans son consentement encourt une peine d’un an de prison ou une amende de 45 000 euros.
Pour limiter les risques liés au sharenting, il existe quelques bonnes pratiques.
Quelles sont les bonnes pratiques à adopter ?
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Une des solutions est d’arrêter cette pratique ou à minima de la limiter. Ainsi, si vous devez tout de même partager du contenu, privilégiez les espaces dits privés : messageries instantanées, mails, SMS ou encore albums photos en ligne protégés par mot de passe.
Surtout, il est important d’informer vos proches de vos souhaits et notamment que vous ne souhaitez pas que vos photos et celles de vos enfants soient partagées.
Ensuite, c’est également un bon moyen d ‘échanger avec vos enfants sur la notion de consentement.
Par exemple, il peut être intéressant de demander le consentement de son enfant quand ils sont en âge de prendre une décision, de même que demander l’accord de l’autre parent lorsque son enfant apparaît dans votre contenu.
Sur vos réseaux sociaux, il est possible de configurer les paramètres de confidentialité des plateformes pour limiter l’audience des publications aux abonnés. Cela permet de réduire les risques d’exposition non souhaitée.
Enfin, cacher le visage de son enfant avant de publier est aussi une bonne façon de protéger son image.
Le sharenting est bien plus qu’un phénomène de mode. Il est devenu une pratique sociale très répandue.
Chez TeleCoop, nous prônons une utilisation consciente du numérique en abordant ses usages et ces sujets avec vous. C’est aussi ça être un opérateur télécom au service de l’intérêt général.
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Sources :
- Unicef. Ce que vous devez savoir sur le « sharenting » ou la diffusion de photos de vos enfants sur Internet. Unicef.
- CNIL (2023). Partage de photos et vidéos de votre enfant sur les réseaux sociaux : quels sont les risques ? CNIL.
- E-enfance..
- Unicef. Texte de la Convention relative aux droits de l’enfant. Unicef.
- CNIL. Les droits numériques des mineurs. CNIL.
- LLR (2017). Ses parents publient des photos d'elle sur Facebook, elle les attaque en justice. Le Parisien.
- Légifrance (2024). Article 226-1 du code pénal. Légifrance.