Le smartphone est devenu l’équipement indispensable de bon nombre d’entre nous. En 2019, 95 % des Français possédaient un appareil mobile, dont 77 % un smartphone et ce chiffre est toujours en croissance. L’usage du téléphone s’est aussi diversifié. En plus de sa fonction d’appel, il nous sert de GPS, de lecteur vidéo, de navigateur internet, de console de jeu, etc.
Mais ce qui augmente également, c’est le nombre d’études montrant que le bilan carbone des téléphones portables est catastrophique. Entre l’épuisement de matériaux rares, les problèmes de recyclage et les consommations exponentielles de données et électricité, les mobiles sont un véritable fléau pour l’environnement.
Pourtant quelques gestes simples permettent de limiter leurs impacts. Découvrez comment réduire l’empreinte environnementale de votre smartphone facilement.
Limiter l’empreinte carbone de son téléphone au niveau matériel
Avant d’arriver entre nos mains, un smartphone a déjà consommé, en moyenne :
- 70 matériaux différents (dont des métaux précieux et terres rares),
- l’équivalent de 4 tours du monde pour réunir ses composants, le concevoir et l’assembler puis le distribuer,
- près de 910 litres d’eau pour sa fabrication (n’incluant pas celle nécessaire au fonctionnement des mines) et 75 000 litres d’eau acide rejetés.
(Source : infographie « Le smartphone, une relation compliquée » de l’ADEME.)
80 % de l’impact environnemental d’un smartphone est lié à sa fabrication
À cela s’ajoute une exploitation des ressources humaines dévastatrice. Les matériaux présents dans notre smartphone sont issus de pays où les droits des travailleurs sont inexistants. C’est notamment le cas du cobalt, essentiel pour les batteries de nos appareils et qui provient majoritairement de la République démocratique du Congo (RDC).
Selon Amnesty International, ce sont près de 40 000 enfants qui extraient le minerai dans des mines illégales au milieu de poussières hautement toxiques. (Source : « Mon smartphone est-il lié au travail des enfants ? »)
Les constructeurs de smartphones ferment les yeux sur ces désastres sociétaux et environnementaux.
Le Chili, qui possède les plus grands gisements de lithium, est confronté à une véritable « guerre de l’eau ». Pour extraire ce matériau qui alimente les batteries des appareils mobiles, la mine est autorisée à prélever près de 24 litres par seconde d’eau douce.
Dans cette région, déjà considérée comme l’une des plus arides au monde, c’est tout l’écosystème et les populations locales qui sont menacés de disparition. Et, avec l’essor des véhicules électriques et de leurs batteries au lithium, la situation va devenir encore bien plus inquiétante.
Les constructeurs de smartphones ferment les yeux sur ces désastres sociétaux et environnementaux. Ou pire, ils les utilisent pour des campagnes de communication s’apparentant à du greenwashing. Apple publie ainsi chaque année un « rapport de responsabilité environnementale » pour mettre en avant l’utilisation des énergies renouvelables et des matériaux recyclés dans sa production.
Cependant, une enquête du site américain Motherboard (consultable ici) a mis en avant les pratiques déplorables d’Apple en termes de recyclage. La firme n’hésite pas à briser des équipements en parfait état de fonctionnement pour privilégier la vente de produits neufs. Les appareils sont déchiquetés dans leur intégralité pour empêcher toute réparation ou réutilisation des pièces électroniques.
De plus, en 2016, Apple avait la capacité de désassembler 2,4 millions de téléphones par an, alors que, sur la même période, la société a vendu plus de 215,3 millions d’iPhone.
Une responsabilisation de la part des grandes marques semble donc pour l’instant illusoire, cependant des actions individuelles peuvent influer et engager ce changement.
Le meilleur téléphone est celui qu’on n’achète pas
Cette maxime s’applique à de nombreux secteurs, mais elle est particulièrement vraie dans le domaine des équipements numériques.
En effet, en France, on change de téléphone en moyenne tous les 20 mois. En cause l’usure, la casse et l’obsolescence programmée mais surtout l’arrivée perpétuelle de nouveaux modèles toujours plus performants et aux publicités attractives.
La réparation est la première alternative au renouvellement de son équipement.
Selon l’ADEME, presque 90 % des Français remplacent leur smartphone, alors que celui-ci fonctionne encore. Près de 80 % des casses concernent uniquement un écran brisé, facilement réparable.
La réparation est donc la première alternative au renouvellement de son équipement. Si la panne intervient sous 2 ans après l’achat, la garantie constructeur doit, légalement, prendre en charge les réparations. Au-delà de ce délai, il est possible de faire appel à un réparateur voire de tenter soi-même la réparation. De nombreuses informations et tutoriels sont disponibles en ligne. Avec pour avantage une préservation des ressources, mais aussi des économies financières !
Malheureusement, cette alternative peut être compliquée à mettre en œuvre sur bon nombre de smartphones non modulables et à batterie fixe qui rendent impossible l’accès aux composants. Avec la loi AGEC (anti-gaspillage pour une économie circulaire) , l’indice de réparabilité d’un smartphone est affiché au moment de la vente d’un smartphone neuf depuis le 1er janvier 2021 (nous y consacrerons un prochain article !).
Bien choisir son nouveau smartphone
Pour réduire l’empreinte environnementale de son smartphone, il est donc nécessaire de choisir un modèle modulable et réparable. Une batterie et des composants amovibles ainsi que des pièces détachées disponibles permettront de le réparer facilement.
Avant de vous décider pour un smartphone, prenez également le temps de bien réfléchir à vos besoins. Les marques se livrent à une véritable course à la performance et leurs appareils s’apparentent désormais à de mini-ordinateurs. Cependant, ces caractéristiques sont souvent déconnectées de la réalité des besoins.
Si vous utilisez votre portable uniquement pour les appels, vous pouvez plutôt vous orienter vers un téléphone mobile classique. De même, un grand écran n’est peut-être pas forcément nécessaire, d’autant plus que les impacts environnementaux augmentent avec la taille de l’appareil. Si vous avez besoin d’un modèle performant et écologique, pensez également au Fairphone, un smartphone qui allie responsabilité, durabilité et efficience.
Enfin, si vous changez de smartphone, pensez aux offres reconditionnées et aux locations. La société coopérative d’intérêt collectif Commown permet par exemple de louer des Fairphone et autres équipements numériques durables et responsables.
Prenez le temps de bien réfléchir à vos besoins avant d’acquérir un smartphone.
Dans tous les cas, pensez au recyclage de votre ancien modèle en le ramenant en magasin ou auprès d’associations. Près de 80 % des composants d’un smartphone sont recyclables, pourtant, chaque année seulement 15 % des appareils sont collectés, les autres s’entassent dans les tiroirs où viennent augmenter la quantité de déchets numériques générés dans le monde.
Quelques pistes pour offrir une fin de vie « éco-responsable » à son smartphone :
- Ecosystem, un éco-organisme à but non lucratif qui collecte, dépollue et recycle les équipements électroniques.
- Le site « Je donne mon téléphone » qui permet d’envoyer (gratuitement) son smartphone aux « Ateliers du Bocage », une société d’intérêt collectif membre d‛Emmaüs France et partenaire d’ecosystem. Les appareils sont soit recyclés, soit réparés et mis en vente à un prix solidaire.
- Le site gouvernemental « Longue vie aux objets », soutenu par l’ADEME qui propose, entre autres, des conseils et un annuaire pour trouver des réparateurs et loueurs d’équipements numériques.
Réduire l’empreinte environnementale de son smartphone par une utilisation raisonnée
Si la fabrication des smartphones a de lourdes conséquences sur l’environnement, leur mode d’utilisation vient encore augmenter leur impact écologique. Mais là aussi quelques actions individuelles peuvent réduire l’empreinte environnementale de son smartphone. Il est donc important d’optimiser sa consommation de données mobile.
En quelques années, le smartphone est devenu l’équipement le plus utilisé pour se connecter à internet, loin devant l’ordinateur et la tablette. À l’heure où « le réseau » constitue la seconde source d’impacts du numérique français, optimiser sa consommation de données est essentiel.
D’autant plus que les actions à entreprendre sont simples :
- privilégiez le wifi plutôt que les fréquences mobiles (de la 2G à la 5G), beaucoup plus énergivores,
- en appel, favorisez l’audio à la visio qui consomme jusqu’à 3 fois plus de ressources par minutes,
- activez l’économiseur de batterie. Cela peut réduire légèrement les performances de votre smartphone mais suffit largement à la plupart des utilisations standards (appel et navigation internet notamment),
- désactivez le GPS et le Bluetooth dès que vous ne vous en servez pas. Pour l’audio, privilégiez les connexions filaires (écouteurs ou enceintes), vous préserverez l’environnement et gagnerez en qualité de son,
- paramétrez, si possible, votre smartphone afin de pouvoir garder le contrôle sur les mises à jour et téléchargements,
- passez votre téléphone en mode avion (ou éteignez-le) dès que vous n’en avez pas l’utilité,
- réduisez la luminosité de l’écran en journée.
Là aussi, la limitation de l’empreinte environnementale de nos smartphones passe par une réflexion sur nos consommations. La 5G arrive avec la promesse de nous permettre de visionner des vidéos en haute qualité dans le train, mais est-ce vraiment un besoin fondamental ?
Limiter ses besoins énergétiques
L’optimisation de la consommation de données va de pair avec une réduction des besoins en énergie. Logiquement moins et mieux on utilise son smartphone, moins il nécessitera d’électricité pour fonctionner.
Cependant, d’autres éléments peuvent venir impacter la consommation énergétique des smartphones. C’est le cas par exemple des nouveaux chargeurs sans fil. En 2020, une étude menée par iFixit et OneZero (consultable ici) a démontré que ces équipements entraînaient en moyenne une augmentation de 47 % de l’électricité consommée lors de la recharge.
Attention également aux diverses applications et objets connectés qui communiquent en permanence avec nos smartphones. Selon les modèles, la gestion de l’utilisation des données est plus ou moins intuitive. Là aussi, de nombreux guides sont disponibles en ligne.
De plus, avec l’essor des forfaits tout illimité, il est difficile de se rendre compte du véritable temps de fonctionnement de notre téléphone et de sa consommation de données. Vous pouvez toutefois définir des seuils d’alertes sur votre mobile ou privilégier des forfaits adaptés à votre consommation réelle comme celui de Telecoop.
Soutenue par la croissance exponentielle des usages et par l’inertie volontaire des constructeurs, l’empreinte environnementale des smartphones est chaque jour, plus catastrophique.
Dans ce secteur, la préservation des ressources et les enjeux environnementaux passent plus que jamais par des initiatives individuelles et coopératives. Il s’agit de se réapproprier notre consommation numérique aussi bien au niveau de nos équipements que de l’utilisation que nous en faisons.
Merci à Laura Pouget pour cet article !
Sources :
- Le rapport « Baromètre du numérique 2019» de l’Arcep.
- Rapport de l’Ademe sur les impacts du smartphone, édition 2019.
- Campagne d’Amesty sur les « minerais de sang».
- Le rapport sur les « impacts environnementaux du numérique en France » ( Inum).
- Autre article sur l’impact énergétique des chargeurs sans fil(GreenIT).