Intelligence Artificielle en illimité : le désastre écologique et social qu'on nous prépare

Les engagements de TeleCoop

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Vendredi 7 février, démarrait le sommet pour l’IA en France. Notre Ministre dédiée à l’Intelligence Artificielle a parlé ce matin-là au Conseil économique, social et environnemental de “course” et “d’attractivité”, de “mettre l’IA au service de toutes et tous” et “d’un chemin vers le progrès”

A rebours de cet emballement, chez TeleCoop, on pense que réfléchir à la généralisation de l’usage de l’intelligence artificielle d’emblée sans se poser la question “mais pour quoi faire ?” est une erreur.

En seulement 4 ans, les émissions de CO2 de Microsoft ont bondi de 30% à cause de l’IA. En cause la puissance de calcul de cette technologie et les usages en très forte hausse. ChatGPT consommerait l’équivalent d’une bouteille d’eau par conversation.

Est-ce que la façon dont l’IA est aujourd’hui développée comme un progrès qui bénéficiera à toutes et tous tout en contribuant à résoudre la question du réchauffement climatique ? La réponse est non.

Est-ce que nous nous sommes posés la question des cas d’usage de l’IA qui pourraient être effectivement utiles à notre société ? La réponse est clairement non, et c’est d’ailleurs l’une des recommandations du dernier avis du CESE pour une IA au service de l’intérêt général qui invite à, je cite, “choisir de manière démocratique les usages du numérique en fonction de leur utilité sociale et de leur impact environnemental”.

Comme toujours avec les nouvelles technologies, la tendance est à l’emballement plutôt qu’à une réflexion en amont sur ces questions. Les pouvoirs publics, les entreprises et la société civile se font dépasser par ces innovations, et le régulateur tarde à appliquer le principe de précaution pour nous protéger collectivement.

Autre questionnement, avons-nous le temps de savoir si l’IA pourra contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique ? Dans un contexte où la consommation énergétique nécessaire au fonctionnement des IA génératives augmente de manière exponentielle, quels sont les secteurs qui pollueront moins pour permettre au numérique de polluer plus ?

A l’inverse, on a des solutions toutes trouvées et déjà éprouvées, elles s’appellent la frugalité et la sobriété. Ai-je besoin du dernier smartphone avec IA intégrée ? Ai-je une autre solution moins consommatrice qu’un système d’IA pour répondre à mon besoin ?

Dans un monde contraint par des ressources limitées, en tant qu’opérateur télécom d’intérêt général qui accompagne au quotidien des organisations et citoyens dans un cheminement de vie compatible avec ces limites, il nous semble important de contribuer à discerner les enjeux qui se cachent derrière l’engouement actuel.

TeleCoop soutient donc le Manifeste HIATUS, accessible ici : https://hiatus.ooo/index.html et va publier une série d’articles pour proposer un récit alternatif autour des opportunités et des risques que nos choix d’aujourd’hui auront sur le monde en 2050.

L’Intelligence Artificielle

Entre révolution et défis éthiques “Smartbot”, “IA générative” ou encore “ChatGPT”, voilà des mots qui sont rentrés très (trop ?) vite dans le vocabulaire quotidien. L’intelligence artificielle connait en effet depuis quelques années un essor phénoménal, aussi bien en termes de popularité que de performances. Découvrons les forces, faiblesses, risques et opportunités offertes par l’IA. Nous allons aussi tenter de poser des premières pierres de la question des usages utiles de ces nouvelles technologies.

Définition de “IA”

Le terme “IA” ou intelligence artificielle, est défini par le parlement européen comme ” tout outil utilisé par une machine capable de reproduire des comportements liés aux humains, tels que le raisonnement, la planification et la créativité”. Aujourd’hui, lorsque le terme d’intelligence artificielle est utilisé dans les média, il sert souvent à désigner un outil (eg : ChatGPT) ou un algorithme ayant la capacité de produire des actions jusqu’alors considérées comme hors de portée des machines (la génération de texte, la création de dessin, de raisonnement…).

Comment expliquer la montée en puissance de l’IA générative

Si cette technologie existe depuis les années 1940, avec l’apparition des premiers ordinateurs, elle reste rudimentaire et ne dépasse que rarement le cadre de la recherche scientifique. Cependant, à l’aube des années 2010, une nouvelle technologie fait surface : le machine learning. En effet, les progrès en matière de gestion de données et de processeurs, ont permis aux systèmes de tirer des enseignements à partir de vastes collections de données et ainsi d’améliorer leurs performances manière générale, de les rendre plus “intelligents”. Ainsi, l’intelligence artificielle générative s’est immiscée dans notre quotidien, et permet d’automatiser des tâches jugées pénibles.

On distingue alors plusieurs catégories d’IA :

— Les IA textuelles permettent de générer des textes à partir d’une consigne simple. Elles peuvent adapter leur niveau de langage, le type de texte créé et le thème du texte selon les consignes fournies par l’utilisateur.

— Les IA type “ChatBot” se présentent sous la forme d’un chat en ligne, dans lequel l’IA joue le rôle d’interlocuteur. L’utilisateur peut alors discuter avec elle, laquelle s’efforcera de répondre à ses questions/messages du mieux possible.

— Les IA génératrices d’image permettent, à l’instar des IA textuelles, de générer des images voire même des courtes vidéos à partir d’un prompt fourni par l’utilisateur.

— Enfin, certaines IA sont plus niches, et peuvent être utilisées dans le tri automatisé de larges banques de données, ou dans le traitement vidéo par exemple (aide à la stabilité de la caméra…).

Intelligence artificielle et controverses

L’accès récent (majoritairement) gratuit à ces services, ainsi que leur efficacité indéniable, a accéléré sa généralisation, aussi bien pour des employés de grandes entreprises que pour des élèves en quête d’aide pour leur devoir de maths.

Notons cependant que des algorithmes au fonctionnement plus ou moins transparent sont présents depuis longtemps dans de nombreux outils numériques utilisés dans le cadre public, personnel ou professionnel. Leur opacité et leurs dérivent potentielles ont déjà fait l’objet de nombreuses critiques sans jamais connaitre jusqu’à aujourd’hui un grand écho médiatique auprès du grand public.

La popularisation de cette technologie soulève de nombreuses questions, aussi bien pratiques qu’éthiques par exemple avec le risque d’atteintes aux droits fondamentaux et libertés individuelles. La fuite de données confidentielles est un risque bien réel et inquiète les entreprises, mais devrait aussi inquiéter les citoyens.

Un exemple récent qui a fait du bruit est celui de Samsung. Certains employés, en s’appuyant sur l’aide de ChatGPT ont divulgué des informations classées confidentielles au bot, lesquelles peuvent alors être communiquées aux autres utilisateurs.

Par ailleurs, la notion de propriété intellectuelle semble compliquée à respecter, notamment dans le cadre des IA génératrices d’images. Ces dernières utilisent des références, piochées à travers leur base de données, sans pour autant citer les œuvres qui ont servi à la génération d’image. Enfin, chaque requête a un coût environnemental indéniable.

En moyenne, une requête sur ChatGPT équivaut à 0,27 kg de CO2 émis dans l’air. Pour se faire une idée plus concrète, 10 requêtes par jour pendant un an correspond équivaut à la moitié de ce qu’un humain doit émettre afin d’atteindre l’objectif des 2 degrés fixé par la COP21 (Soit 2 T équivalent carbone par an). Enfin les outils mis à disposition sur internet appartiennent souvent à des entreprises dont les intérêts économiques sont contraires à l’intérêt général.

Quid du futur ?

Aux vues de l’engouement général actuel, aussi bien du public qui semble accueillir à bras ouvert les IA génératives, que des entreprises qui se positionnent sur le marché de l’innovation, on peut prédire un bel avenir aux intelligences artificielles loin de toute régulation ou de réflexion sur les impacts environnementaux et sociaux du développement de cette technologie.

Nous soutenons la mise en place d’une planification du développement de l’IA qui applique le principe de précaution afin d’éviter l’accélération du désastre écologique, le renforcement des injustices et l’aggravation de la concentration des pouvoirs.

Imposer de la transparence dans l’utilisation des données et les algorithmes, mesurer et réguler l’impact écologique aussi bien en CO2 émis qu’en eau utilisé afin de refroidir les serveurs, ou encore déterminer l’étendue de l’impact éthique et social qu’une telle technologie peut apporter (sur notre quotidien, sur le travail, sur la domination) semblent ainsi être des objectifs majeurs de ce début de 21ème siècle.

Nous reviendrons sur ces sujets dans les semaines à venir dans une série d’articles sur le sujet.


Sources :

https://www.lecese.fr/travaux-publies/impacts-de-lintelligence-artificielle-risques-et-opportunites-pour-lenvironnement
https://www.europarl.europa.eu/topics/fr/article/20200827STO85804/intelligence- artificielle-definition-et-utilisation
https://datascientest.com/intelligence-artificielle-definition

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