Tu as co-créé une coopérative : ETHIQUABLE. A l’origine, qu’est-ce qui t’a donné envie de le faire ?
Il y a 23 ans, quand avec Christophe et Stéphane nous planchions sur le projet de création d’ETHIQUABLE, nous allions en faire une boite “classique”.
On ne nous parle jamais des Scop dans les écoles de commerce ou les facs. Heureusement, un ami de Stéphane lui a demandé si nous pensions créer en SCOP.
On s’est penché sur ce statut, et découvert qu’il remettait les salariées et salariés,et leur travail, au centre des valeurs.
Comme le commerce équitable le fait avec les petits producteurs !
C’était donc une évidence qu’il nous fallait ce statut pour que notre démarche ait plus de sens, et que l’on soit cohérent avec notre objet.
A ton avis, à quoi tient la réussite d’ETHIQUABLE ?
Au grand talent et surtout la grande modestie de ses dirigeants ! Non, je rigole.
Notre statut de Scop a fait que nous étions plus cohérent que d’autres marques de commerce équitable, d’entreprises classiques. Et grâce à lui, nous avons gagné la confiance de nos clients, et celle des consommateurs.
Et on nous dit souvent que la qualité de nos produits en est aussi la cause.
Qu’est-ce qui fait aujourd’hui la qualité de votre collectif ?
Nous arrivons à impliquer vraiment les salariés, les Scopines et les Scopains dans le projet et la mission de l’entreprise.
Cette mission est double : sociale (avec le commerce équitable) et environnementale (avec l’agriculture paysanne Bio).
Quand tout le monde l’a compris : chacun se remonte les manches parce que c’est un boulot qui a vraiment du sens.
Dans votre secteur, on réagit comment au fait que vous soyez une entreprise coopérative ? Est-ce que ça change quelque chose dans votre relation à vos distributeurs ?
On sent bien que le regard de nos clients distributeurs est différent.
Ils savent qu’ils favorisent une vraie démarche d’économie sociale et solidaire.
Ils ne risquent pas de contribuer à l’enrichissement d’investisseurs financiers avec nous.
Une situation particulière où le statut d’entreprise coopérative a fait la différence pour ETHIQUABLE ?
Souvent, quand les acheteurs de la grande distribution ont pris la décision de nous référencer dans leurs enseignes, alors que nous n’avions pas de budget de référencement, c’est parce que nous étions une SCOP qu’ils l’ont fait malgré tout. On les en remercie.
On compte de plus en plus de coopératives en France. Qu’est-ce que ça t’inspire ?
Ca m’inspire qu’il n’y en a pas assez. 4500 entreprises coopératives en France, c’est déjà bien. Mais ce sont la majorité des entreprises françaises qui devraient être des SCOP ou des SCIC pour pouvoir parvenir à rendre notre économie plus humaine et pas seulement en recherche de profit.
Une autre SCOP/SCIC dont le parcours t’a marqué ?
Ardelaine, quand j’ai lu leur histoire, j’en avais les larmes aux yeux.
Et puis le combat des Verreries Ouvrières d’Albi en 1895, créées avec les encouragements du député du Tarn, Jean Jaurès.
Une structure que tu verrais bien en SCOP ? Pourquoi ?
VEJA, qui est une super boite très humaine, et qui en plus fait du commerce équitable.
J’adorerais qu’ils se transforment un jour en SCOP.
La plus grosse idée fausse sur les SCOP que tu as pu entendre ?
Tout le monde décide de tout et on ne peut pas être financé (je sais, ça fait 2 grosses idées fausses, mais qui donnent un alibi aux créateurs d’entreprises pour ne pas choisir le statut coopératif).